Tuesday, February 08, 2005

Alpage de Plainejoux

Plaine-Joux est un plateau d'environ 200 hectares, situé à 1400 mètres d'altitude. Il com¬mence à la sortie de la propriété du village vacances de Guébriant pour se terminer à l'orée des bois vers le Lac Vert. Au Nord, la falaise de la chaîne des Fiz, au Sud, la forêt qui descend jusqu'au Nant Noir, vers le haut les alpages de Barmus et des Mollays et plus à gauche, le Châtelet et Petton. Plaine-Joux est un des plus beaux panoramas du Pays du Mont-Blanc, face à la chaîne des montagnes, non seulement le massif du Mont-Blanc depuis les dômes de Miage jusqu'aux Aiguilles d'Argentière, mais aussi la masse du Brévent, la montagne de Pormenaz, l'aiguille d'Ayères ainsi que le Mont Joly et la chaîne des Aravis.

Etymologiquement Plaine-Joux veut dire lieu plan dédié à Jupiter. Même consécration pour le village de Joux en haut de Chedde, le Mont Joly et le Mont Joux en face de Passy et le lac Jovet au pied du col du Bonhomme en haut des Contamines. Jusqu'en 1924, avant l'achat d'une grande partie des terrains de ce plateau par les sociétés du Docteur Bruno pour y édifier un village sanatorium, Plaine-Joux était non seulement un alpage de basse altitude mais surtout une étape de remuée pour les paysans du haut de la commune.

Qu'est-ce donc qu'une remuée ? C'est une deuxième habitation, celle d'en haut, avec les terrains attenants qui per¬mettent au paysan de se dépla¬cer depuis sa maison principale. L'alpage de Plaine-Joux, où paissent des vaches, avant guerre. (Photo René Chesneau) du bas avec sa famille et tous les animaux de la ferme.

Dès fin mai jusqu'à mi-juin le paysan remue à la maison du haut. Son bétail mange le foin collecté l'été précédent et pâture l'herbe nou¬velle : on cultive un jardin et on plante les pommes de terre. La moisson : blé, orge, seigle pousse en bas. C'est le même phénomène que la montée à l'alpage de basse altitude pour les paysans du bas de la commune qui ne font que pâturer. La remuée existe et se pratique toujours dans certaines fermes d'altitude des alentours.

En fin de remuée à la fin juin, les troupeaux grimpent dans les alpages de Moëde, d'Ecuelle, de Villy, de Charbonnière et la famille redescend dans la maison familiale à Maffrey ou à Assy pour remonter à Plaine-Joux vers le 15 septembre jusqu'au 15 octobre, avec les troupeaux. Le terrain a été essarté, c'est-à-dire défriché et gagné sur le bois. L'étendue cultivable et de pâture était beaucoup plus importante que maintenant, la forêt au fil des années ayant gagné sur une partie des terrains surtout en direction du Lac Vert et aux Vuagneries.

Une vingtaine de chalets était implantés sur le plateau, certains assez modestes avec étable, cuisine, fredi pour le lait et le fromage, grange où l'on dort dans le foin ; d'autres chez les familles qui remuent, véritables fermes avec la cort'na (lieu d'entrée couvert), chambre et fenil. Ils étaient implantés au Beudeix, aux Parchets, aux Vuagneries. Ils appartenaient aux familles Sylvand d'Assy, Pugnet des Murets sur la piste actuelle du Beudeix, Roch-Appertet de Maffrey près du Lac Gris, Vallet et Chavouent du Cruy au pied de la falaise, Dumoulin de Leschais, Duperrey de Maffrey sur le lieu du parking actuel, Collubrier d'Assy d'en bas, Collubrier des Regards, Hudry-Nicoud-Vagnoux de la Motte, Biollay-Prieur de Maffrey en bor¬dure du chemin du Lac Vert et Daigue de Maffrey.

Dès les premiers travaux du futur sanatorium de Plaine-Joux en 1928, beaucoup de chalets furent démolis, la plupart laissés à l'abandon s'écroulèrent peu à peu ou furent rasés plus tard. Il reste aujourd'hui le chalet Collubrier-Quirin, le chalet Prieur au bord de la route du Lac Vert, le chalet Dumoulin conservé par Bruno et acheté par Jean-Pierre Boldini derrière le restaurant Lou Pacheran.

Au printemps 1930, un des chalets fut transformé en cantine pour les ouvriers des différents chantiers. Il était tenu par Judith Verdier de Servoz, qui faisait paître quelques vaches qui lui fournissaient lait et fromage. "La mère Verdier" tiendra ensuite durant l'été, pendant de nom¬breuses années, la cantine de Moëde. La famille Coing prendra la suite puis construira le chalet-restaurant de Plaine-Joux tout en bois qu'elle exploitera jusqu'à la fin de la guerre de 40. Ce fut ensuite Maxime, chef cuisinier retraité des grands paquebots internationaux qui le complétera par une partie hôtel appelée à recevoir des malades des établissements de soins et leurs familles. Quelques années plus tard, se construira au bord de la route d'accès, en face du chalet de Plaine-Joux, un café-restaurant qui brûlera en 1982 et disparaîtra.
Plaine-Joux ne bougera plus pendant 30 ans et restera en l'état jusqu'à la création de la station de ski en 1964/65 : un lieu de passage vers le Lac Vert et les Ayères, une promenade pour les malades hors des heures de cure, un restaurant apprécié par certains.

Durant l'été 1956, la municipalité fit construire par l'entreprise Pasteris la route du Châtelet. La seule voie possible jusque-là était le chemin charretier très raide et peu carrossable à travers la forêt depuis le Lac Vert.

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