Saturday, February 26, 2005

James Mogeny

Parapente Mag #88 (Juillet/Aout 2003) Page 29
Article intitulé "IL VOLE AUTREMENT"

James Mogeny ne vole pas tout à fait comme tout le monde. Dans son coin de Passy Plaine Joux et malgré ses 62 ans, il fait de nombreux émules parmi les jeunes. Chaque matin, il part en montagne. A pieds l’été, en ski de rando l’hiver, le plus souvent seul, il monte vers un col ou un sommet,500 ou 1000 mètres de dénivelé, puis il redescend en volant. Légèreté, autonomie, liberté, James n’a rien à démontrer aux jeunes, rien à enseigner, ce n’est pas son role, il y a des moniteurs pour cela. Mais il n’a jamais empêché personne de le suivre.

Dans ce cas, il décolle toujours le premier (fusible si l’aérologie est douteuse) ou le dernier (pour ne laisser personne derrière lui, seul en montagne). Depuis quinze ans, dans sa vallée, des dixaines de parapentistes de tous âges, des jeunes qui font la SAT aux quinquagénaires restés dynamiques, se sont ralliés à sa façon de vivre le vol : matériel léger, effort physique et vol montagne … qui se transforme parfois en vol de durée ou en petit cross lorsque les conditions sont au rendez-vous.

Les objectifes de James sont presque toujours les mêmes : les sommets qui entourent sa maison de plateau d’Assy, non loin de Chamonix : Lachat, Varan, Barmerousse, Friolant, Platée, Lindars, Pointe noire de Pormenaz. Quelques fois, il se hasarde dans le grand massif : Tête Rousse, Gouter, Tacul (son vol préféré, avec le Buet) Mont-Blanc …. James monte toujours d’une traite, même au sommet du Mont-Blanc (d’où il a décollé une dixaine de fois) car ilo n’aime pas dormir en refuge : il préfère son lit à lui, à sa maison, avec son Armelle ! Parvenu là-haut, il décolle sans traîner (on ne sait jamais, les conditions peuvent se gâter) Il lui arrive de redescendre un copain en biplace, ou son épagneul Jimmy, surement le chien qui totalise le plus de vols.

Chaque année, James fait ainsi plus de 200 vols montagnes ! La météo ? Il l’estime au feeling. C’est qu’il est né dans ces montagnes et que depuis tout petit, il observe passionnément son univers. L’hiver, il monte tous les jours volables : il sait où passe chaque coulée de neige. Quant au vent, il ne se trompe pratiquement jamais. Il nous arrive de l’accompagner et de penser : “on va redescendre à pieds, ca ne volera pas”, mais si James pense le contraire, nous lui faisons confiance, et c’est toujours lui qui a raison ! Parfois c’est l’inverse : on est sûr que ca va voler alors que lui ne le sent pas. Nous l’écoutons. Et souvent, une fois redescendus (à pieds), nous constatons que le foehn s’est levé !

Comme toujours, c’est lui qui avait raison. Mais James redescent rarement à pieds (moins d’une fois sur dix !) Son savoir, il ne le formule pas, il le possède d’instinct. Il l’a appris à force d’arpenter la montagne et d’observer le vent, la neige et le ciel. Il est fusible le plus fiable que nous connaissions !

"Tu montes où demain matin ?"

Souvent, l’après-midi, si l’aerologie est thermique, même forte mais saine, James, portant déjà rassasié par sa course et son vol montagne du matin, retourne faire un petit tour en l’air. Alors il prends la grosse sellette et le secours, décolle du site voisin de Plaine Joux et retrouve avec plaisir ses parcours habituels. Mais ce n’est pas ce qu’il recherche en priorité. James, sur un site “normal”, n’est pas très à la mode : il ne décolle jamais face à la voile, il ne fait pas de 360° engagés et il ignore la SAT. Mais croyez-nous, il vole sacrément bien, en très grande sécuritéet voler avec lui est toujours un moment d’apprentissage.

Dans son club (Mont-Blanc Vol Libre, dont il est président) ou dans les clubs alentours, ils sont désormais une bonne cinquantaine à voler comme James : même pratique, même matériel. Certains ont une aile spécifique montagne mais nombreuax sont ceux qui se contentent de leur aile habituelle, même si elle est un peu plus lourde. En revanche, ils ont tous l’incontournable sac Light de Sup’Air et une sellette très légère. Thin Red Line ou Radicale (toutes deux pésant moins de 600 grammes!) Souvent, le soir, ils appellent James : “Tu montes où demain matin ?” C’est ainsi qu’un jour, nous nous sommes retrouvés, après 1000 mètres de dénivellé, plus de trente au sommet de Croisse-Baulet. Et nous avons tous décollé ... après avoir bu une goutte de champagne … Car il y en avait même un qui avait monté le champ !

JAMES EN BREF
C’était en 1982, à la fête de Servoz … “C’est là que j’ai vu, pour la première fois, des parapentes. J’ai trouvé ces gars completement bargeots” : ils couraient dans les pentes sous Pormenaz et s’envolaient juste à la cassure de la falaise !” Quelques années plus tard, séduit par les décollages depuis Varan, il voudra apprendre à son tour. Il fait son premier vol le 16 Juillet 1988, à 48 ans, chez Roger Fillon à Mieussy, sous une ITV 927.

Puis il aura une BLS Hyperion 10, une aile de K Genair (la première aile qui permettait de passer en finnesse de Plaine Jous à Chedde), diverses ITV (parmi lesquelles une Météor Gold, dont il conserve un souvenir ému : “elle avait toutes les qualités”)

Aujourd’hui, il vole avec les voiles de l’école de parapente tenue par son fils, Phillipe. De préférence des voiles faciles : "A chaque fois que j’ai pris une aile trop perfo, je me suis cassé la figure ! Une fois, en 1992, je m’étais pris pour le champion du monde, il y avait des éclairs et du tonnerre, tout le monde était déjà posé, mais moi, j’étais si fier de voler sous la dernière voile un peu pointue du moment, que je continuais à voler. Lorsque les rafales orageuses sont arrivées, j’ai pris quelques grosses fermetures et fait un retour au tapis un peu douloureux. Depuis, j’ai toujours volé sagement : la leçon avait portée !

0 Comments:

Post a Comment

<< Home